Dessin autoportrait de Pierre Grach
Dessin autoportrait de Pierre Grach

Pierre Philippe Grach est né à Saint-Mandé le 26 janvier 1898. Très jeune, il révèle un tempérament sensible, qui s’exprime par l’attrait de la peinture. Porté par cette passion, il entre à l’Ecole des Arts Décoratifs de Paris.

Dans ses débuts, il est séduit par l’atmosphère bucolique des bords de Marne. Davantage, comme tout adolescent, il cherche un approfondissement de sa personnalité. Ainsi, cette même période est-elle faite également de toiles terreuses et tourmentées (ainsi en fut-il du Van Gogh de Borinage).

Inspirations

Les nécessités de l’existence l’amenèrent à exercer une profession contraignante. Il sera directeur technique des ateliers de l’Office de Publicité Générale. Ses créations sont signées du pseudonyme Phili. Amicalement, certains de ses collègues vinrent au Rayon pour faire les décors des revues, notamment Dumalin. Toujours à ce poste pendant l’occupation, il produira des affiches pour la Résistance grâce à la logistique fournie par l’OPG. Ces actions resterons officieuses bien évidemment ! A cette période, il se rapproche du patron du Petit Parisien, Emilien Amaury, qui fondera Le Parisien Libéré en 1944, pour lequel Pierre Grach fera des illustrations.

Pierre Grach

Par ailleurs, sa générosité le porte à donner tout son temps aux œuvres de jeunesse. Ainsi, durant trois quarts de siècle, il sera un animateur et un guide pour toute la jeunesse de Saint-Mandé. Particulièrement, cela explique la faible produc­tion artistique de Pierre Grach entre les deux guerres.
Mais, en outre, il s’accorde le temps de plusieurs voyages qu’il veut initiatiques. Grand admirateur de Delacroix, il cherche à comprendre la lumière, la couleur. A son exemple, il parcourt le Maroc, l’Algérie. Ensuite, toujours séduit par cette lumière dont il ne cesse de guetter les subtilités, il multiplie les études, à Cannes, à Bénodet, plus tard à Toulvern et sur les hauts plateaux de la Lozère… enfin, à Cognin, près de Chambéry et à Chamonix. Finalement, il tirera de cette quête des toiles pleines de fraîcheur.

Regards sur l’humanité

Or, la Seconde Guerre Mondiale est survenue. Evidemment, les épreuves subies par la jeunesse à laquelle il a tant donné, le bouleversent. Dès lors, sa vision du monde en sera transformée. Participant à la Résistance, il sera l’auteur téméraire des affiches qui anticiperont sur la Libération de Paris. De cette époque date son élection au Conseil Municipal de Saint-Mandé. Avec assiduité, il s’y dépensera durant quarante ans. Désormais, son talent s’exprimera par des œuvres d’imagination, tantôt fantastiques, tantôt brillantes, entre autres ces at­mosphères enchantées du monde du spectacle… ou encore par des essais de peinture religieuse.

Pierre Grach

Enfin, comme il arrive souvent dans l’évolution des peintres, sa palette va définitivement s’éclaircir. Depuis qu’il est libéré de ses obligations professionnelles, et peut-être aussi parce qu’il éprouve le besoin de prendre sa revanche sur le temps, il multiple les expositions.

Le chant du cygne

Pour conclure, ses dix dernières années sont celles du flamboiement. Ce feu, longtemps entretenu dans le secret, éclate en une prolifération, où l’épanouissement d’une nature printanière est transposé dans un univers visionnaire. Certainement parce qu’il entend léguer tout ce qui a mûri en lui, son œuvre ultime atteint une dimension qui transcende le regard.

Pierre Grach quitte ce monde le 18 mars 1987. Ainsi, il lègue une œuvre… D’avantage, peut-être, il laisse une trace profonde dans les cœurs. Encore plus, à sa ville natale, il avait voulu apporter aussi le témoignage d’une Autre Lumière.

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Pierre Grach – La Création de l’Homme

La parole de Pierre Grach

Discours posthume de Pierre Grach

A l’initiative de Jean Anciaux, une réunion d’hommage à Pierre Grach avait été organisée en mai 1986 à la Maison des jeunes du 12ème arrondissement, où plus de 300 invités étaient présents (amis célèbres comme MM Poher, Robert-André Vivien et Robert Lamoureux, ainsi que toutes les générations du Rayon).
Le père Grach étant en très mauvaise santé, très affaibli, et pensant même ne plus être des nôtres à cette date, a demandé d’enregistrer son message. En fait il était présent, mais trop faible, et il a choisi de passer la bande. Une standing ovation exceptionnelle a clôturé ce message.

1918 – 1968

Entre ces deux dates 1918-1968, cinquante ans se sont écoulés. La génération qui avait vingt ans, en 1918, c’est la mienne. Pour les jeunes d’aujourd’hui, les évènements rappelés le 11 Novembre dernier se perdent dans la nuit des temps. Que tout cela est vieux et lointain ! Mais peur, moi, rescapé qui arrive à ce jour, porté par le flot des générations qui se sont succédées depuis et que j’ai vu, tour à tour, vieillir et grisonner sous mes yeux, ce sont mes camarades d’alors qui m’apparaissent fixés par la mort dans une éternelle jeunesse, visages sans flétrissures et sourires intacts. Je regarde des photos, de ces photos de groupes du lycée, de l’école, de l’atelier : tous ces visages familiers, ce sont mes camarades, mes amis, mes copains, mes frères. Ils ont été tués dans cette fin de guerre.

Mémoire

Pierre Grach ( Phili ) - Liberté
Pierre Grach ( Phili ) – Liberté

Lorsque vous vous trouvez réunis au Rayon – imaginez un court instant – que ceux qui vous entourent : vos camarades, vos amis, vos copains, vos frères, disparaissent brusquement dans un naufrage de feu, de boue et de sang. Voilà que vous vous retrouvez dans un désert à l’âge où la chaleur de l’amitié est si douce et si nécessaire… Ces garçons, si semblables à vous, qui partaient au front, n’étaient pas belliqueux et ignoraient la haine ; le sacrifice de leur vie ils le faisaient pour ceux qui vivraient après eux ; pour vous. Ils partaient pour que cette guerre soit la dernière, « la der des der », et qu’à votre tour vous ne la connaissiez pas. Ils voulaient vous léguer le patrimoine intact de la terre où vous vivez libres.

Ceux qui ont connu plus tard l’occupation , savent ce que cela veut dire ! Ils faisaient ainsi le sacrifice des foyers qu’ils auraient fondés, laissant souvent une fiancée qui, fidèle au souvenir, deviendrait, petit à petit, une de ces vieilles filles dont on se moque. Ils renonçaient aux enfants qu’ils portaient en puissance dans leur chair, future fierté et prolongement d’eux-mêmes. Ils ont donné ce qui est la plus grande marque d’amour : leur vie pour leurs amis. C’est la première fois que je rappelle par écrit le souvenir de ceux que j’ai connus il y a un demi-siècle.

Jeunesse

Je ne veux pourtant pas faire le panégyrique d’une génération qui n’était pas différente de celles qui ont suivi, ni de la vôtre. S’il y a une évolution dans le comportement des jeunes, elle ne tient qu’à l’évolution des conditions de vie et aux courants de pensées plus ou moins contradictoires et éphémères qui se succèdent. Mais le fond même de la nature humaine est immuable.

Pierre Grach - Le Grimpeur - 85x73
Pierre Grach – Le Grimpeur – 85×73

De génération en génération, les jeunes ont toujours les mêmes réactions devant la vie dont ils prennent conscience. Ouvrant des yeux neufs sur la société, ils la jugent et la trouvent mal faite ; ils découvrent la misère et l’injustice. Ils rendent responsables leurs parents d’un monde qu’ils n’acceptent pas qu’ils leur reprochent de ne pas avoir été capables de transformer et qu’ils se font fort, eux, de rebâtir à leur façon, dans une perspective idéale. Ils pensent que leurs découvertes leur sont propres et dans la chaleur et le coude à coude de leur vie scolaire ou universitaire, ils sentent une solidarité grégaire qui leur communique une force qui ne se sent plus et toujours nous avons vu cela.

Révolution

C’est l’honneur de la jeunesse de s’interroger et de se scandaliser devant la misère de l’homme et l’absurdité du monde. Sans réponse, ils trouveront un exutoire à leur sève, dans la violence. La guerre dont ils n’ont pas l’expérience pourra être un recours à l’ennui, le pire des maux ; à défaut d’une guerre contestée, ce sera la révolution ; à défaut de révolution, des fauteuils cassés ou des pavés déchaussés.

Pierre Grach - Les Amoureux - 65x48
Pierre Grach – Les Amoureux – 65×48

Cette interrogation pathétique est celle de tous les hommes à tout âge, mais elle prend chez les jeunes une pureté et une fraîcheur nouvelles. Aspiration irrésistible vers « quelque chose », vague, confus, sentimental, à l’origine d’une nostalgie qui leur dicte « leurs états d’âme ». Etrange appel, pour des êtres limités, qui déborde le cadre de leur nature, que cet appel vers l’infini, ce besoin de perfection d’absolu ; que cette soif d’un bonheur que rien ne satisfait tant qu’il n’est pas définitif, sûr, sans mesure, comme la réminiscence d’un paradis perdu.

Espoir

C’est pourquoi, pour qui est touché par la grâce des adolescents en quête de leur voie, peur qui a été aidé soi-même en son temps, s’il est un devoir : c’est celui d’être pour eux un relais des porteurs de la Bonne Nouvelle, transmise de génération en génération. La Bonne Nouvelle de la Naissance du Sauveur qui contient l’explication du monde, qui ouvre la voie à la délivrance des puissances de l’Amour dans le fond des cœurs et qui en assouvit tous les besoins.

Pierre Grach - Le 14 juillet - 87x87

Dès lors pour le jeune homme, voilà la Voie qui s’ouvre, mais aussi le vrai combat qui commence. Tout s’éclaire, mais rien n’est facile. Voilà dans sa tension vers le Bien suprême, les longs tâtonnements, les doutes, les poings, les lumières. Voilà, désormais, au milieu de ses vicissitudes, la vie de l’homme dans sa transcendance et dans sa passion ….

Pierre Grach - Le Pont-Neuf le soir - 65x81
Pierre Grach – Le Pont-Neuf le soir – 65×81

Car c’est vraiment Seigneur, le meilleur témoignage,
Que nous puissions donner de notre dignité,
Que cet ardent sanglot, qui roule d’âge en âge,
Et vient mourir au bord de votre éternité.

Pierre Grach
1986, au CISP Maurice Ravel,  rue Maurice Ravel – 75012 PARIS.


Pierre Grach chante Les Prunes

 1959 - PG

Cette chanson était quasiment la seule que chantait Pierre Grach, PG pour les membres du Rayon. Au fil du temps, de fête en fête, elle s’est érigée en une sorte d’hymne. Par conséquent, depuis le départ de PG, c’est devenu un rituel de la chanter en son honneur lors des rencontres de l’association.

Pierre Grach chante Les Prunes à Cognin lors d’un soirée festive – 1964 (env.)

Paroles

Les Prunes (version PG)

En revenant d’la foire Sainte-Opportune,
Je vis un prunier qu’avait beaucoup de prunes,

Refrain :
V’la printemps tire lire lire,
V’la printemps, pourvu que ça dure
V’la printemps enfin revenu,

Avec mon gourdin, j’en cueillis quelques unes,
Quand arriva la vieille, à qui qu’c’était les prunes,

Refrain

Attend galopin qui touche mes prunes,
Attend tu vas voir c’que prendra ta lune,

Refrain

J’mis bas ma culotte, j’lui montrais ma lune,
Et j’lui montrais le trou par où passeraient ses prunes,

Refrain

Chant populaire – XIXème siècle


Exposition Pierre Grach – Deux œuvres, deux passions

La Mairie de Saint-Mandé, sur une idée de Serge Chaurang, a décidé de rendre hommage à Pierre Grach au travers d’une exposition. Intitulée « Deux œuvres, deux passions », elle s’est tenue du 26 janvier 2009 au 5 février 2009 dans la Salle des Conférences. Ainsi, avec le concours exclusif de nombreux membres du Rayon à qui il avait transmis ses toiles, dessins et aquarelles, il a été possible de retracer son cheminement artistique. Au-delà de l’esthétique, ces mises en images ouvrent également sur l’extraordinaire humanité de l’homme, ainsi que son goût pour les bonheurs simples, tels les jeux de la lumière ou la contemplation de la nature.

Photos de l’exposition


Les œuvres de Pierre Grach

Retrouvez pêle-mêle les œuvres artistiques de Pierre Grach. Elles appartiennent aujourd’hui toutes à des membres du Rayon de Saint-Mandé.